Composé de vingt-sept (27) pages, le livre jeunesse Je m’appelle Fatou est issu de la collaboration de Laurence Marianne, auteure jeunesse et journaliste guadeloupéenne, ainsi que de Amélie- Anne Calmo, illustratrice free-lance martiniquaise. La première, affectionne plonger ses jeunes lecteurs dans un univers fictionnel drôle ou poétique. Et la seconde, raffole mettre l’emphase sur la diversité, et accorde une attention particulière aux personnages racialisés. L’idée étant de donner la possibilité à son lectorat jeune de s’identifier dans ses œuvres. Ces intérêts individuels, les auteurs ont su les mettre en commun afin de produire cet album jeunesse. Je m’appelle Fatou est donc une œuvre à la croisée des chemins entre l’univers fictionnel poétique et la question de l’identité (mais ceci vous le comprendrez en poursuivant la lecture de cette analyse).
Je m’appelle Fatou, un titre à la fois attrayant et mystérieux, remplit le lecteur d’excitation à l’idée de se plonger dans un nouvel univers imaginaire, mais aussi un pan de mystère est maintenu au niveau du contenu de l’histoire. Mais, si on peut s’accorder sur un point, c’est bel et bien le fait que la trame tourne précisément autour d’un personnage du nom de Fatou. Pour ne pas se limiter à notre simple intuition au risque de passer à côté d’une histoire probablement merveilleuse, trêve de spéculations ! découvrons dès à présent ce que nous réserve cette œuvre en procédant par l’analyse du paratexte.
Un retour sur le paratexte
Toute en couleur se présente la première de couverture de l’album Je m’appelle Fatou. Elle nous fait retourner en enfance, et nous plonge dès le premier coup d’œil dans un festival de couleur qui annonce l’aventure merveilleuse que l’on va vivre en feuilletant les pages de cette œuvre. Mais avant d’y arriver, il convient de signaler que sur cette première découverture, on peut apercevoir des pétales de roses de couleur jaune, verte, et rose fixées en haut de la couverture de part et d’autre. Sur ces pétales aux couleurs chatoyantes, figurent en gras et noir les noms des auteures du livre. Notons que ce dispositif floral forme une espèce de dôme qui laisse transparaître un fond blanc sur lequel est inscrit le titre du livre à l’encre violet. Plus on parcourt le livre en allant vers le bas, on a l’impression que des pétales de roses échappées du haut, laissent échoir délicatement comme dirigées le vent. Juste en dessous de ces pétales, à droite de la page, l’on observe une dame et un jeune garçon regardant vers le haut, presque engloutis dans des pétales de roses. Et devant ceux-ci, à la gauche de la couverture, l’on perçoit des lettres qui prennent leur envol ; à l’extrême gauche, une jeune fille, probablement Fatou pointant de la main ces lettres, le regard tourné tout comme la dame et le jeune garçon vers le haut, tous émerveillés par le spectacle de couleurs qui se produit sous leurs yeux. La présence des lettres sur la première de couverture nous donne un indice à propos du contenu de la bd. A cet effet, il pourrait s’agir d’une œuvre dans laquelle on s’amuse à jouer avec des lettres ou des mots. Afin d’avoir plus d’informations à ce sujet, analysons ensemble sans plus attendre le contenu du livre.
Je m’appelle Fatou, l’histoire d’une amoureuse des lettres
Je m’appelle Fatou est l’histoire d’une petite fille qui a confiance en elle, adore son prénom et ne veut sous aucun prétexte que qui que ce soit l’appelle autrement même pas sa mère, qu’il s’agisse d’une marque d’affection ou non. Son amour pour son nom est tellement grand qu’elle voudrait que tout le monde le connaisse. Fort heureusement pour elle, à l’école, sa maîtresse lui a appris à l’écrire, grâce aux objets du quotidien afin qu’elle sache le faire plus facilement. Alors, elle écrit Fatou en procédant ainsi : F comme le f de fonio, A comme le a de aloès, T comme le t de tamarin, O comme le o de orang-outan et enfin U d’uniforme, dont la somme fait FATOU. Ravie de son exploit, elle s’imagine grimper jusqu’au ciel afin d’y inscrire son joli prénom. Ainsi, tout le monde sans exception y compris sa mère, verra que son véritable nom est Fatou et donc ne s’hasardera plus à l’appeler autrement.
La petite Fatou qui sait désormais épeler et écrire son nom ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Elle fait la rencontre d’un camarade de classe du nom de Ryan qui utilise le même procédé qu’elle pour écrire son nom. Passionnée par cette nouvelle activité, elle voit les lettres s’échapper de sa tête si bien qu’elle parvient à jouer à cache-cache avec elles, et finit par les attraper et les ranger dans un box à jouets pour éviter que sa mère ne se mette en colère. Elle prend plaisir à jouer et ne voit pas le temps passé. Mais, elle est contrainte d’arrêter, car le coucher du soleil s’annonce. Cette aventure poétique dans laquelle l’auteure a bien voulu nous plonger distille certainement un message qu’il convient de dévoiler.
Que faut-il retenir de cette balade poétique ?
Je m’appelle Fatou met en avant une activité qui permet à l’enfant de s’amuser en apprenant. Il apprend à écrire son nom grâce aux objets qui l’entourent. Ce livre peut être proposé aux jeunes lecteurs dès l’âge de 4 ans. L’histoire de cette petite fille Fatou est pleine de valeur que tout parent voudrait transmettre à son enfant à l’instar de la confiance en soi, de la discipline, qui font partie des valeurs dont les tout petits ont besoin pour réussir leur vie une fois adulte.
En plus de cela, jouer avec les lettres semble être une activité parfaite pour garantir l’amour des belles lettres. Et par conséquent, les jeunes lecteurs grâce à ce livre pourraient être poussés vers la carrière d’écrivain. Ce livre jeunesse est important dans la mesure où les jeunes lecteurs y trouvent facilement leurs repères et sont capables de se reconnaître en Fatou à travers les tresses qu’elle arbore et sa jolie peau d’ébène. Ce qui amènerait à coup sûr les jeunes filles particulièrement à s’aimer comme elles sont, et à avoir plus confiance en elles comme Fatou. Au vu de tout ce qui précède, l’on conclut aisément que les deux auteures ont su associer leurs intérêts individuels pour mettre sur pied une œuvre qui reflète leurs centres d’intérêts dans la mesure où elle est une parfaite symbiose entre l’univers poétique dans lequel nous plonge Laurence Marianne et la question identitaire chérie par Amélie-Anne Calmo.