Quand nous avons débuté cette entreprise heuristique de présentation des auteurs de la littérature de jeunesse en Afrique, la finalité a toujours été de marquer d’une pierre blanche leurs actions qui à notre sens ne sont pas assez médiatisées. Bien qu’il y ait des avancées dans la promotion, marquées par l’organisation des festivals de littérature jeunesse, les récompenses et les sorties ponctuelles de certains médias non spécialisées dans la filière, il y a encore du chemin. À juste titre, nous avons fait un tour du côté de Madagascar, pour explorer les acteurs qui s’investissent dans ce secteur et y font un travail louable qui mériterait d’être promu. D’entrée de jeu, intéressons-nous à l’un des plus connus.
Johary Ravaloson
Source : https://www.la-reunion-des-livres.re/auteur/ravaloson-johary/
Johary Ravaloson est un personnage pluridimensionnel qui surfe avec une déconcertante facilité entre les romans, les nouvelles, les écrits juridiques (son centre d’intérêt premier), la littérature de jeunesse, la dramaturgie et les arts plastiques. En outre, il est aussi éditeur car en 2006, il a mis sur pied avec son épouse Sophie Bazin, les éditions Dodo vole. En réalité, c’est une sorte d’érudit des temps modernes. Il voit le jour en 1965 à Antananarivo, bien qu’il fût étudiant à Paris dans les années 90, il soutint sa thèse de doctorat dans l’île de la Réunion en 2002. Dans son parcours, il a remporté plusieurs prix littéraires. On peut citer entre autres, le Prix du Centre régional des œuvres universitaires pour la nouvelle « Heurt-terres et frappe-cornes » en 1996, s’ensuit en 2000 avec le prix Grand Océan de littérature d’inspiration religieuse. La liste est loin d’être exhaustive.
Dans le registre de la littérature de jeunesse, notre centre d’intérêt premier dans cette réflexion, Johary Ravaloson a commis pas moins de neuf œuvres entre 2009 et 2017. En outre, il est assez prolifique dans le conte car sur les neuf publications, cinq sont de ce genre pour un pourcentage de 55,55%. A titre d’illustration, nous pouvons citer Ietsé, l’origine de la vie et de la mort des hommes (2014) et Le roi connu (2016). A travers ces contes, il veut transmettre le patrimoine culturel africain aux tout-petits. Il faudrait retenir pour sortir que ce dernier a eu l’occasion d’animer des ateliers de contes lors d’une résidence d’écriture à Neuvy-le-roi.
Lalao-Elina Razanadriaka
Comme plusieurs auteurs malgaches, Lalao-Elina s’est donnée pour mission de promouvoir le patrimoine culturel de son pays aux enfants, d’où l’intérêt pour la langue malgache dans les productions de littérature de jeunesse. Dans ce registre, elle a publié son premier livre Tita et les livres en 2009 en langue malgache. Par la suite, elle a été publié en version bilingue en 2011. Ensuite, elle a commis Anjara sy i Donga, une autre production bilingue (Malgache-Français). D’ailleurs, la description du livre sur la plateforme youscribe est disponible en ces deux langues. A travers son œuvre, elle démontre à juste titre que la promotion des langues africaines via la littérature de jeunesse est possible. Dans une interview accordée à Agnès Débiage, elle a martelé que ses écrits ont pour objectif de mettre en relief « la préservation de notre patrimoine naturel et tous les sujets de l’écologie qui s’y rattachent. » En 2020 alors que le monde fait face à la pandémie Covid 19, cette dernière lance sa maison d’édition Mpariaka Boky qui littéralement signifie « les livres qui s’éparpillent » car sa mission est de promouvoir les livres partout où l’occasion se présente.
Cyprienne Toazara
Source : https://www.nocomment.mg/cyprienne-toazara-il-etait-une-fois/
Précédemment professeur de Français, Cyprienne Toazara voit le jour à Ambohimahaso. Elle est investie dans la création des contes et poèmes pour enfants. Elle a d’ailleurs un talent presque inné en ce qui concerne les contes destinés aux tout-petits. En réalité, sa recette particulière est sans doute rehaussée par les bribes de mots malgaches qui donnent vie au texte et connectent les enfants à leur culture. A côté de ce travail, il faut noter qu’elle a aussi été présente dans l’audiovisuel en animant plusieurs programmes radio. Selon la plateforme Takam Tikou, elle a publié quatre œuvres entre 1999 et 2007. Dans cet ordre d’idée, elle a entre autres commis; Soza le pêcheur / Soza mpandriaka ( 2007) la lettre de Tany (2009), l’œuvre romanesque Antalaha, le 26 juin 1960 ( 2010) entre autres.
Rodolphe Philippe Randriamanantsoa (Roddy)
Selon Christophe Cassiau-Haurie, chercheur émérite en Bande Dessinée en Afrique, ce genre a connu son heure de gloire à Madagascar dans les années 1980 avec pour principale figure de proue, le malgache Roddy. C’est probablement le messie de l’illustration dans cette partie du monde. Avant d’embarquer dans la production de son premier album, Itamby sy Besata en 1979, ce dernier s’était déjà fait un petit nom à travers les multiples illustrations qu’il produisait pour les journaux. Roddy a d’ailleurs travaillé dans plusieurs projets. Il a ainsi fait le lettrage des séries telles que Koditra ou encore Ibonia. Son talent lui a ouvert beaucoup de portes et il a d’ailleurs travaillé dans des projets pour l’UNICEF sur les droits des enfants. Il faut le signaler, il a produit pour l’ONG NY Diabeta, une bande dessinée pour la lutte contre le diabète. Il a eu l’honneur de voir ses productions exposées au très célèbre festival d’Angoulême.
Comme illustrateur, il a été le narrateur iconique de plusieurs ouvrages : Soza le pêcheur / Soza mpandriaka (2007), Marthe Rasoa raconte : Rapeto et Jejy voatavo ( 2006) pour les éditions jeunes malgaches.
Rivo Randremba
Bien qu’il soit assez rare de trouver des données détaillées sur le parcours de Rivo Randrenmba, il faut toutefois noter que c’est un talentueux dessinateur et illustrateur malgache. Déjà, notre rôle à Muna kalati est aussi de faire connaître les auteurs jeunesse qui ne sont pas médiatisés bien qu’ils soient actifs dans le secteur. En ce qui le concerne, il voit le jour en 1976, il a officié comme dessinateur de presse et caricaturiste pour le journal Tia tanindrazana. Pour ce même journal, il a contribué à travers des Bandes dessinées humoristiques. Comme auteur, il a commis l’œuvre : Risika sy Rahitsikitsika / Risika et Rahitsikitsika. Comme illustrateur, ce dernier a collaboré dans la production des œuvres suivantes : Notre imagier : l’imagier de Noro et Jao / Ny bokintsarintsika : Ny bokintsarin’i Noro sy i Jao. ( 2007) Ikelimahiratra.(2009). La liste n’est pas exhaustive. Nous espérons présenter à l’avenir plus de données sur l’auteur après des recherches plus poussées.
En somme, il était question de présenter les acteurs de la littérature de jeunesse à Madagascar. Cet exercice nous a permis de faire ressortir le parcours de quelques auteurs et illustrateurs qui contribuent activement dans cette littérature. Comme vous le savez sans doute, ceci est une production de promotion et pour y contribuer, nous vous invitons à mettre en commentaire, un auteur malgache de jeunesse que vous connaissez accompagné d’une de ses œuvres.