En Afrique, ce ne sont pas les événements qui manquent quand il s’agit de mettre en exergue les activités dignes d’intérêt. Dans cette veine, l’on peut affirmer sans risque de se tromper que le mois de novembre 2023 a marqué les esprits. En effet, trois évènements orientés vers la littérature de jeunesse ont cristallisé les attentions. Les acteurs de la chaîne du livre ont pu solidifier leurs liens et créer des ponts de collaboration qui seront solidifiés sur le long terme. Quels sont ces évènements ? Quelles sont leurs plus-values dans la chaîne du livre et dans le renforcement des relations entre acteurs de différents pays ?
SILJC : amélioration de l’accessibilité des livres et naissance d’un nouveau prix
Le mois de novembre 2023 s’est ouvert par le SILJC (Salon international du livre jeunesse de Conakry) du 08 au 11. De fait, la septième édition du SILJC a permis à plusieurs acteurs de se mettre sur la même table pour partager autour du livre jeunesse africain. Au regard du thème général, “ Les livres, l’école, la famille, pour faire grandir nos enfants”, l’on comprend qu’ un accent particulier a été mis sur la cible. Dans cette logique, la maison d’édition Ganndal, principal éditeur des œuvres africaines de jeunesse en Guinée, en a profité pour mettre en exergue la production en braille pour les enfants souffrant d’une déficience visuelle. Par cette sortie, elle contribue progressivement à une meilleure accessibilité du livre chez les personnes en situation de handicap. Ceci est un message fort envoyé aux éditeurs présents sur la nécessité de tenir compte de toutes les couches de la société au moment d’éditer des œuvres jeunesse.
Aliou Sow/ Crédit photo : SILJC
Par ailleurs cet évènement international a permis de couronner le travail d’un pionnier en la personne d’Aliou Sow, directeur des éditions Ganndal et délégué du Salon. En effet, les acteurs de cet évènement ont vécu solennellement la naissance du prix « Aliou Sow ». Il aura vocation de reconnaître sur la durée, le travail et l’impact d’un éditeur jeunesse en Afrique. Déjà, lors de la prochaine édition du SALIJEY,( Salon du livre de jeunesse et de la BD de Yaoundé), du 13 au 16 décembre 2023, l’on connaîtra le vainqueur de la première édition de ce prix.
Salon international du livre jeunesse et pour enfants de Dakar : le début d’une grande aventure ?
Le vent des salons du livre jeunesse a aussi soufflé à Dakar. Des acteurs du livre se sont retrouvés du 15 au 18 novembre pour partager autour des thématiques et des défis communs en ce qui concerne la trajectoire du livre jeunesse. Ce salon a été organisé par Dakar-Livres en partenariat avec l’Association Sénégalaise des Editeurs (ASE) et Baobab édition. Cette rencontre internationale a permis de favoriser une meilleure diffusion des ouvrages destinés à la jeunesse. Au-delà des tables rondes, de la forte mobilisation des éditeurs venus d’Afrique de l’Ouest d’Europe et d’Amérique, d’autres articulations ont enjolivé le salon.
A ce sujet, si l’on s’en tient aux propos de Serigne Abdoul Aziz Dramé (Directeur du salon international du livre de jeunesse et pour enfants de Dakar), auteur et directeur de dakar-livres, l’une des valeurs ajoutées était la beauté des prestations artistiques du célèbre auteur et conteur sénégalais El Hadji Leeboon pour le plus grand bonheur des enfants venus très nombreux vivre cette première édition. Diouf Yaya Sow des éditions NEAS n’a pas tari d’éloges au regard de l’ampleur de cet évènement en affirmant : « Une jolie initiative, instructive et constructive que l’on doit pérenniser car ces jeunes d’aujourd’hui seront les grands de demain et c’est de la bonne graine. »
Le salon de Casablanca : Pour un renforcement des liens entre les acteurs de la chaîne du livre
La première édition du Salon International du livre enfant et jeunesse de Casablanca a tenu toutes ses promesses. A côté des conférences et tables rondes, l’on ne pourrait faire fi de la forte mobilisation des enfants qui a donné une touche particulière et surtout n’a pas laissé de marbre les invités. De fait, il est impérieux de noter que les organisateurs ont compris l’importance d’impliquer les tout-petits à un événement où on parle en réalité de leur éducation à travers des œuvres culturellement adaptées à leurs propres histoires. Cette stratégie a fait tache d’huile pour le plus grand bonheur des éditeurs, agréablement surpris. Ces derniers ont pu s’entretenir avec les enfants en leur partageant des histoires captivantes. Dans ce registre, Lalao-Elina Razanadriaka, auteure et éditrice malgache engagée, a été friande de cet exercice de communion avec les tout-petits.
Lalao-Elina Razanadriaka échange avec un enfant/Crédit photo : Agnès Débiage
En plus, certains éditeurs présents ont pu épuiser leurs stocks, une preuve de ce qu’il y a une réelle demande en termes de livres jeunesse et qu’il est urgent de multiplier des stratégies collectivistes pour un plus grand impact sur l’économie du livre jeunesse en Afrique. Cette belle cohésion entre les différents acteurs de la chaîne du livre jeunesse a été aussi rendue possible par l’atelier de médiation culturelle, animé par Agnès Débiage avec une douzaine de bibliothécaires.
Somme toute, il est plus qu’évident que les acteurs du livre jeunesse en Afrique n’ont pas chômé en ce mois de novembre. Tous ces rendez-vous démontrent à suffisance que la littérature de jeunesse est en train de franchir un nouveau cap en Afrique car, il faut quand même le rappeler, des trois événements suscités, ceux de Dakar et de Casablanca étaient à leur première édition. Par conséquent, pour garder une certaine consistance, des stratégies pour pérenniser ces initiatives doivent être mises en place car c’est sur le long terme que l’impact pourra être mesuré.