Bonjour Mme Diouf Yaya Sow
Bonjour Monsieur Fomekong Narcisse
Comment s’est déroulé votre rencontre avec le livre et la lecture ?
Depuis que je suis enfant, je ne fais que lire. J’allais rarement jouer au dehors et mon papa avait une bibliothèque énorme.
Quels furent les premiers livres pour enfants que vous avez lus ? Etaient-ils africains ? Des auteurs d’enfance dont vous vous souvenez ? Que vous ont apporté ces pratiques de lecture durant votre enfance ?
Ma première lecture était purement africaine avec La belle histoire de leuk le lièvre de Léopold Sédar Senghor, Abdoulaye Sadji et Georges Lorofi. Ces pratiques de lecture m’ont apporté une ouverture d’esprit, une aisance dans le langage français et une bonne et rapide compréhension des textes.
Pourriez-vous nous dresser un panorama de votre carrière ? Pourquoi vous êtes-vous intéressée à l’univers du livre pour l’enfant ? Est-ce un choix ou un coup du destin ?
Ma carrière est un coup du destin. Quand je faisais la première, à l’âge de 18 ans, j’ai eu mon premier diplôme d’état de monitrice de collectivités éducatives du ministère de la jeunesse et des sports, en collaboration avec les forces armées sénégalaises pour les colonies de vacances. Après le BAC, j’ai fait des études supérieures en Tourisme avec un Brevet de Technicien Supérieur (BTS). Le BTS et le Certificat de Technicien Supérieur (CTS) en poche, j’ai travaillé au Méridien Président comme stagiaire puis comme contractuelle. Ensuite, je suis devenue infographiste extraordinairement par l’intermédiaire de mon mari qui est du métier. Et pourtant, j’ai une licence en communication option management audiovisuel. C’est en 2002 que j’ai intégré les NEAS comme infographiste, en 2006, j’ai fait un stage sur la fabrication et la correction des livres pour enfants avec la Francophonie, puis de fil en aiguille, je suis devenue directrice de production des NEAS.
Quelles sont les difficultés et obstacles auxquels vous avez dû faire face ? L’accès aux éditeurs a-t-il été aisé ? Est-il possible de vivre uniquement de ce métier ?
Les difficultés majeures sont financières, l’accès aux éditeurs n’est pas difficile, et il est possible de vivre de ce métier avec une bonne organisation.
Comment assurer vous la promotion de vos livres ?
La promotion est assurée par une large diffusion à travers les dépôts et ventes dans les librairies, les écoles, la publicité dans les chaines de télé, les radios, les affiches, les flyers etc. Il y’a aussi les sites et les réseaux sociaux, les séances de dédicace, etc.
Combien de livres pour enfants avez-vous publiés à ce jour ? Pourriez-vous les nommer?
A ce jour, nous avons publié plusieurs livres pour enfants dont Les aventures de Leuk le lièvre, Bouki et la parole donnée, l’Ane de Baay fleurs, Ombres, les onze droits de l’enfant qui est une collection de onze livres qui parlent des droits de l’enfant. Ce sont d’ailleurs mes préférés.
Quels rapports entretenez-vous avec les auteurs/illustrateurs Africains de jeunesse? Collaborez-vous ?
Oui, nous avons de bons rapports avec les auteurs et illustrateurs Africains. Nous collaborons par des coéditions, des rencontres, des séminaires etc.
Nous travaillons avec des auteurs comme Marouba Fall, Sokhna Benga, Serigne Fallou Diagne, Bounabasse Gueye, pour ne citer que ceux-là. Je ne saurais oublier nos grands auteurs comme Mariama Bâ, Aminata Sow Fall, Birago Diop.
Nous collaborons aussi avec tous les éditeurs sénégalais. La preuve, l’Association Sénégalaise des Editeurs est présidée par la Directrice Générale des NEAS. Nous avons des illustrateurs comme Moustapha Nabédé, Mbaye Babacar Diouf (champion d’Afrique de Judo), Abdoulaye Samb etc.
Menez-vous des actions pour la promotion de la littérature jeunesse en Afrique?
Non, pas pour le moment, mais nous envisageons de le faire dans l’avenir.
Que pensez-vous de la situation générale du livre et de la lecture dans votre pays ? Auriez-vous des propositions pour en améliorer la gestion ?
Le Covid 19 a eu un impact impressionnant sur le monde en général, de négatif à très négatif. Les répercussions sont multiples et forcent au changement et à l’adaptation. Pour les NEAS, nous avons dû stopper les activités liées aux rassemblements et avons changé les horaires de travail conformément à notre ministère de tutelle. Pour ce qui est de l’adaptation, c’était obligé car il fallait respecter toutes les mesures prises par le ministère de la santé. Les leçons qu’on peut en tirer sont une grande prise de conscience sur la vie en général et sur les choix à faire pour un meilleur devenir.
En Afrique, la littérature jeunesse est située à la périphérie et vue comme un genre marginal par rapport aux littératures classiques. Qu’en pensez-vous ? Quelle est votre vision de l’avenir de la littérature jeunesse dans votre pays?
Le livre et la lecture dans mon pays sont en perpétuelle ascendance. On constate une prolifération d’éditeurs et d’auteurs. L’état devrait prendre en compte ce développement rapide et agir en conséquence en mettant en place un dispositif financier colossal pour une bonne assise du livre et de la lecture dans la société.
La littérature jeunesse et la littérature classique sont bien différentes et chacune a ses propres horizons, néanmoins elles peuvent cohabiter et pérenniser.
La littérature jeunesse a un avenir prospère dans mon pays, car il y’a des campagnes organisées pour accompagner les enfants et les éduquer à travers cette littérature qui a beaucoup à démontrer et à enseigner.
Un dernier mot ou message?
C’était un réel plaisir de pouvoir répondre à vos questions. Merci et bonne journée.