La contribution de la bd à la culture de la paix

Les vertus que peut procurer un livre sont nombreuses. Déjà en 2021, Guinaelle Kengne rendant compte des phases du projet « lire pour guérir », lancé par Muna kalati dans son article « le livre, ce médicament aux vertus multiples », affirme qu’il permet « d’accentuer l’éveil, stimuler l’esprit, cultiver le goût du positif, développer les habitudes de prises de parole en public ». Cet article s’inscrit dans le prolongement de la réflexion du précédent.

Le concept de « culture de la paix » remonte au congrès international de 1989 sous le thème : « la paix dans l’esprit des hommes », tenu à Yamoussoukro en Côte d’ivoire sous l’égide de l’Unesco. Cette rencontre internationale donne un contenu d’un nouveau genre à la notion de paix. Il en ressort que cette dernière va au-delà de la fin des conflits armés[1]. Elle renvoie aussi  à un type de comportement, un mode de vie basé sur le respect de la vie, de la tolérance, la solidarité, pour ne citer que ceux-ci. Ce congrès pose de ce fait, des fondements pour la construction d’une culture de paix entre les hommes. Mais pour y arriver, il importe d’accorder une attention particulière à l’éducation[2].

Étant donné que l’un des outils essentiels qui sert l’éducation est le livre, comment favorise-t-il  la construction de la culture de la paix ? Notre argumentaire va s’articuler autour de cette question.

1- Le livre incite au dialogue plutôt qu’à l’usage de la force

Si l’on admet que l’homme est un animal politique au sens d’ Aristote, la cohabitation avec son alter ego n’est pas toujours aussi paisible qu’on peut le penser. Car, les incompréhensions, les idées divergentes, et même les malentendus peuvent déboucher sur des conflits susceptibles de mettre à mal la cohésion sociale et la paix. Face à une telle situation, le recours à la force semble être la voie qui prône le plus, faute d’arguments ou d’esprit critique. Or, à l’échelle internationale, l’heure est à la promotion de la paix. Pour ce faire, la culture s’avère être l’un des moyens de pacification le plus sûr. Ernesto Ottone Ramirez partage le même avis lorsqu’il reconnaît que « la culture est un facteur essentiel de résilience, de réconciliation et de cohésion sociale pour les villes et leurs habitants »[3]. Dans ce cas, le  livre, en tant que manifestation de la culture et objet culturel, serait doté de ce grand pouvoir. Ceci est d’autant plus vrai qu’il octroie un esprit critique, procure des arguments au jeune lecteur, afin de lui donner des outils nécessaires devant l’aider à défendre ses convictions, se faire comprendre et affronter plus sereinement les problèmes[4] auxquels il est confronté sans toutefois faire usage de la force.

Dans cette perspective, la bande dessinée Very important tree peut être considérée comme l’une des bd pour enfants pouvant inculquer cet idéal qu’est la paix. En effet, cette bd met en relief une discorde entre des frères autour de l’abattage d’un arbre. Après de longs débats, les deux parviennent à trouver un terrain d’entente grâce à la force des arguments de l’un et l’ouverture d’esprit de l’autre. C’est dire que ce livre est un appel au dialogue en cas de discorde. Au vu de ce qui précède, cette bd est vivement recommandée pour transmettre cette valeur au tout petit. Ainsi, en plus de fournir des arguments de poids, un livre grâce à sa trame peut tout aussi enseigner la tolérance, l’ouverture d’esprit.

2-  La bd, un outil didactique qui enseigne la tolérance

S’ouvrir aux autres, ou avoir un esprit ouvert ou encore être tolérant, constitue une démarche qui nécessite un énorme travail sur soi afin d’accepter l’autre avec sa différence. La différence dans sa dimension plurielle fait partie intégrante du quotidien, mais elle n’est pas toujours tolérée. Si l’Unesco reconnaît en la diversité culturelle une richesse, cela ne fait pas automatiquement d’elle cette source d’enrichissement qui permettrait en principe d’honorer le « rendez-vous du donner et du recevoir »[5]. Toutefois, force est de constater que « les trois quarts des plus grands foyers de tension dans le monde ont une dimension culturelle »[6]. Et pourtant, les hommes mèneraient une vie plus épanouie et riche s’ils cultivent cette capacité à admettre que les autres peuvent penser et vivre différemment qu’eux. Ceci ne peut être opérationnel que dans la mesure où la société prend en charge l’enseignement de cette valeur aux jeunes, par des biais qu’ils affectionnent à l’instar de la bd, afin de garantir la prévalence du dialogue, de la paix dans les rapports interpersonnels. La bd How do you sleep? va dans ce sillage. Ce livre jeunesse s’articule autour d’une question aux premiers abords innocente de Pula, un jeune garçon installé sur son lit à l’heure du coucher : comment dormez-vous ? Cette question nous entraîne dans des univers aussi diversifiés que variés. Ce qui nous enseigne que la différence est bien réelle et nous devons l’accepter et apprendre à vivre avec. La démarche du jeune garçon que l’on pourrait juger banale, ou une simple curiosité est cependant le point de départ du respect, l’acceptation et la tolérance de la différence. En ce sens, How do you sleep ? est une invite à la tolérance, à une ouverture d’esprit vis-à-vis des pratiques et des modes de représentation du monde qui sont propres à l’autre. Ce respect envers autrui et surtout sa différence nous amène à avoir de l’empathie pour lui et à être solidaire à son encontre.                                                                                                                                                           

3- La solidarité, gage pour conservation de la paix

https://bookdash.org/books/A- house-for-mouse/                               

La paix est un idéal que toute société recherche et aimerait avoir pour acquis. Car, il est bénéfique aux hommes en termes de développement économique par exemple, d’épanouissement et de bien-être. Mais, sa rupture ne tient qu’à un fil, tant il y a des dysfonctionnements qui pourraient l’entraîner. La pauvreté, les inégalités sociales sont comptées parmi ceux-ci. Le PNUD le reconnaît lorsqu’il affirme que « les inégalités et la pauvreté sont des moteurs importants de l’exclusion sociale dont les conflits, les troubles sociaux et l’instabilité sont la manifestation »[7]. C’est dire que les conflits ne sont que la conséquence des inégalités et de la pauvreté. Et donc entre eux, il y a un rapport de cause à effet. Toutefois, ce rapport peut être rompu si les hommes font plus preuve d’humanisme en venant en aide à ceux qui en ont le plus besoin. Cette valeur semble être une chose essentielle à transmettre aux enfants afin de construire une société pacifique, juste et solidaire. La bd A house for mouse est le livre jeunesse approprié pour apprendre la solidarité aux enfants. En effet, il s’agit de l’histoire d’une souris à la recherche d’un abri. Ne sachant pas à quel saint se vouer, celle-ci alla demander de l’aide. Fort heureusement, elle a pu trouver un toit pour passer la nuit grâce à la générosité de ses hôtes. Ainsi, ce livre est un instrument pourvu d’un grand pouvoir susceptible d’influer le comportement des jeunes.

Somme toute, il convient de retenir que la bd est un moyen pratique pour transmettre des valeurs humanistes aux enfants puisque la culture de la paix n’est rien d’autre que l’altruisme. Il s’agit de gestes simples, mais à grand impact sur l’homme et son environnement.

Nselel Bomba


[1] Déclaration de Yamoussoukro sur la paix dans l’esprit des hommes en ligne https://veille-eip.org/fr/content/declaration-de-yamoussoukro-sur-la-paix-dans-lesprit-des-hommes.

[2] Il s’agit d’une recommandation du congrès international de Yamoussoukro.

[3] La Banque Mondiale, 2018, « la culture, facteur décisif pour reconstruire en mieux après un conflit ou une catastrophe »,https://www.banquemondiale.org/fr/news/feature/2018/11/16/culture-the-x-factor-for-building-back-better-after-conflict-and-disasters

[4]https://crefadloire.org/les-interets-de-la-lecture/#:~:text=La%20lecture%20d%C3%A9veloppe%20l’esprit,analyse%20et%20l’esprit%20critique&text=Cela%20vous%20aide%20dans%20votre,les%20probl%C3%A8mes%20que%20vous%20rencontrez.

[5] Une affirmation de Léopold Sédar Senghor. Elle est une terminologie renvoyant à la civilisation de l’universel laquelle souligne la place centrale qu’ont les personnes de couleur dans l’édification de la civilisation. Consulter l’article de Kahiudi Claver Mabane, 2011, « Léopold Sédar Senghor et la civilisation de l’universel », Diogène 3-4, no 235-236 en ligne https://www.cairn.info/revue-diogene-2011-3-page-3.htm.

[6] Une déclaration de l’ONU lors de la journée mondiale de la diversité culturelle.

[7] https://www.undp.org/sites/g/files/zskgke326/files/migration/africa/undp-rba_Income-Inequality-in-SSA_Fre_Chapter-10.pdf

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