Brève biographie
Roxane Dogan est une togolaise qui réside à Dakar depuis quelques années. Scénariste de métier, l’écriture a toujours été une passion pour elle. Yulu au pays de la teranga est son premier roman jeunesse.
Parlez-nous de vous, de vos expériences d’enfance, y compris votre exposition culturelle et votre environnement. Comment ces expériences ont-elles influencé vos valeurs et votre vision de la vie ?
J’ai grandi au Togo, à Lomé plus précisément. C’est une ville où s’entremêlent différentes cultures. J’ai donc été exposée à un large éventail de croyances et de traditions… Et, en plus de la lecture, mes parents m’ont transmis le goût du voyage, des découvertes… Ces diverses expériences m’ont appris à faire preuve d’ouverture d’esprit et à accepter les autres tels qu’ils sont.
S’il y avait une chose que vous pourriez changer dans la façon dont les parents africains élèvent leurs enfants, quelle serait-elle et pourquoi ?
L’écoute. J’ai grandi dans une famille qui privilégie la communication, et ce, peu importe le sujet. Je n’ai jamais eu peur de leur parler, d’aborder des sujets dit « tabous », de leur demander directement conseils… Je n’étais ni jugée ni critiquée. Mes amis enviaient (et c’est toujours le cas) ce lien que j’ai avec mes parents. On minimise souvent les bienfaits d’une communication ouverte entre les parents et leur enfant. Être à l’écoute de son enfant peut aider ce dernier à acquérir des compétences sociales et émotionnelles, à renforcer la relation parent-enfant, à promouvoir la confiance, l’honnêteté… Un enfant qui n’a pas peur de s’exprimer est un enfant qui va développer une grande confiance en lui. Et pour les parents, la communication est une forme d’éducation. En effet, en écoutant vos enfants et en participant à des conversations sur tout ce qui se passe dans leur vie mais aussi sur internet (réseaux sociaux en particulier), vous pouvez leur apprendre à naviguer dans la vaste quantité d’information disponible en ligne en dissociant les fake news des vraies infos.
Aimiez-vous lire dans les premières années de votre vie ? Quels sont les livres pour enfants que vous avez lus quand vous étiez jeune et comment ont-ils influencé vos valeurs et vos croyances ? Avez-vous eu l’occasion de lire des livres écrits par des auteurs africains ? Que pensiez-vous de ces livres lorsque vous étiez enfant ?
Mon père m’avait initiée très tôt au goût de la lecture. Je lui dois cette passion pour les lettres et cet imaginaire que j’ai développé. Je lisais / et je lis toujours de tout. Je suis passée des magazines pour enfants, au club des cinq , ensuite à une si longue lettre Mariama Bâ, à l’enfant noir Camara Laye, aux différents tomes d’ Harry Potter de J. K. Rowling, à l’Alchimiste de Paulo Coelho, ou encore aux romans napolitains d’Elena Ferrante, … la liste est longue !
L’écriture est une compétence essentielle dans la vie, mais beaucoup la trouvent difficile à maîtriser. Comment avez-vous développé l’amour de l’écriture ? Est-ce quelque chose que vous faites facilement ? Quels sont les conseils d’écriture que vous aimeriez partager avec nous ?
Comme dit plus haut, très tôt, j’ai été initiée par mon père au goût de la lecture et de l’écrit. Je devais non seulement lire mais aussi résumer avec mes propres mots tous les livres que je lisais. Et ce, depuis l’école primaire. Alors pour ceux qui commencent et qui ont envie de se lancer, j’ai envie de dire que tout s’apprend. Peu importe l’âge, avec de la persévérance, de l’assiduité et surtout de la passion, on y arrive ! Lisez, écrivez, relisez-vous, faites-vous lire, faites-vous corriger, n’ayez pas peur des erreurs et des critiques, écrivez encore et encore en y mettant du cœur !
Vous êtes l’auteure de l’œuvre Yulu au pays de la teranga qu’est-ce qui vous a motivé dans la production de cette œuvre ? Quels sont les difficultés et les obstacles que vous avez rencontrés ? L’accès aux éditeurs a-t-il été facile ?
On a tous besoin d’évasion. Le conte fait travailler l’imagination. Dans ce monde où tout va trop vite, il est important et même nécessaire d’apprendre aux enfants (qui commencent la course très tôt) à s’arrêter, à respirer, à rêver… j’ai envie de contribuer à cela.
Je n’ai pas rencontré de difficultés pour envoyer mon projet à la maison d’édition. Le premier contact s’était fait par mail. L’histoire de Yulu, le petit extraterrestre bleu a plu à l’éditeur et nous nous sommes lancés dans l’aventure.
Quelle est la réception de votre travail auprès du public ? Avez-vous des stratégies à proposer aux acteurs de la littérature de jeunesse pour mieux communiquer sur les productions destinées aux enfants ?
– Travailler avec les organisations locales telles que les écoles, les bibliothèques et les centres communautaires, pour mieux atteindre les enfants.
– Utiliser les langues locales pour mieux communiquer avec les enfants. Cela permettrait non seulement d’atteindre un public plus large, mais aussi de promouvoir la diversité linguistique, culturelle et ethnique du pays. Cela peut aider les enfants à se voir eux-mêmes et à voir leur communauté reflétée dans les histoires qu’ils lisent.
– Communiquer avec les parents car ils jouent un rôle important dans l’élaboration des habitudes de lecture des enfants.
– Utiliser les plateformes numériques telles que les médias sociaux, les sites Web et les plateformes de lecture en ligne pour atteindre les jeunes qui ne vivent malheureusement qu’à travers leurs écrans. Cela peut aider à accroître l’accès aux productions littéraires et promouvoir une culture de la lecture.
Que pensez-vous de la situation générale du livre et de la lecture dans votre pays ? En Afrique ? Avez-vous des propositions à faire pour améliorer sa gestion ?
La situation du livre et de la lecture en Afrique est complexe et variée. De nombreux pays africains sont confrontés à des défis tels que l’accès limité aux livres et le financement inadéquat des bibliothèques sans oublier les réseaux sociaux, source de distraction qu’une majorité des jeunes préfèrent à la lecture.
– Investissement dans les bibliothèques et les librairies par les gouvernements ou des investisseurs privés, … afin de donner accès aux livres et promouvoir la culture de la lecture dans les communautés locales.
– Se servir de ce qu’aime les jeunes et utiliser le numérique pour accroître l’accès aux livres et aux documents de lecture partout en Afrique.
Quelle est votre vision de l’avenir de la littérature pour enfants au Sénégal et au-delà ?
Au Sénégal et en Afrique, l’avenir de la littérature pour enfants est prometteur. Avec la reconnaissance croissante de l’importance de l’éducation de la petite enfance et de la préservation culturelle, il y a une forte demande de littérature de qualité. C’est encourageant !
Si vous deviez vous décrire en trois mots, quels seraient-ils ?
Rêveuse, rêveuse et rêveuse !
Un dernier mot?
Merci pour l’interview, et que vive la littérature !