La crise multiforme que traverse l’humanité de la civilisation postmoderne ne manque pas d’appauvrir le potentiel imaginatif de la jeunesse. Et pourtant, ce ne sont pas des modèles qui manquent pour assurer un changement de paradigmes. La littérature dans ses légendes, ses contes, chansons et ses fables africaines offre un cadre capable d’assurer cela. En quoi la littérature africaine des fables peut-elle constituer un gage pour réinventer le monde ?
Pour ce qui est de l’aspect politique, on observe une déchéance des modèles ou l’éclosion des icones qui sont en réalité des anti modèles.

Les légendes de Soundjata Keita et de Kirikou peuvent permettre de résorber ce problème. En effet, ces légendes mettent en scène des héros qui ploient contre l’adversité mais armés de foi et d’un courage herculéen, ils en arrivent à tirer leur épingle du jeu. La description que font les narrateurs place les légendes sur le sceau du fantastique, de l’impossible devenu possible.
De même, la scène politique a besoin des personnes qui, ayant lu ces histoires durant leur enfance, en ont été inspirés, et ne vivent que par l’idée de les rendre vraies. Ils réussiront ainsi à tordre le cou au monde chaotique bâti sur l’impossible, aux dictatures qui n’en finissent pas, à l’achat des consciences et au tripatouillage des urnes qui sont des entraves, sinon les carburants de l’impossibilité. Le fantastique, visible à travers le récit des exploits de Soundjata et de Kirikou, devient donc très intéressant pour transformer le monde.
Le role du livre jeunesse dans le développement des facultés cognitives
Le développement de l’intelligence cognitive de la jeunesse passe par les devinettes, les charades et autres contes comme celui de « l’homme plus sage que le chef ». La littérature jeunesse constitue un ressort intellectuel important et nécessaire pour son réarmement de sagesse. On vit certes dans cette époque postmoderne avec une multiplication des génies, mais aussi, une sous exploitation de celles-ci sur le continent africain.

L’équation devra permettre aussi de respecter le substrat culturel africain au moment de transférer en langage numérique le savoir africain. En réalité, il s’agit de transposer sur le numérique les techniques qu’ont retrouve dans les devinettes. On fait feu de tout bois pour s’élever malgré les pièges. L’imaginaire de cet ordre, inspiré des contes, charades et devinettes consiste à réinventer par l’enfant un autre univers où tous les problèmes ont des solutions.
Enfin, l’imaginaire peut permettre de construire une société effectivement solidaire. Il apparait que l’égoïsme, le narcissisme, la roublardise, le vol, la jalousie sont devenus le lot quotidien des hommes postmodernes, leur trait distinctif. La société individualiste étant le carburant de ce système d’inhumanité. Ces valeurs jadis propres à l’Afrique sont en train d’être annihilées devant l’échec de l’occidentalisme malheureusement triomphant. Les fables africaines consacrent le triomphe de la communauté sur l’individus. Soundjata est porté vers l’essor de son peuple tout entier. C’est le son de cloche avec Kirikou qui veut libérer son peuple de l’emprise d’une sorcière. L’adversité n’est pas ce qui manque dans la société de nos jours, mais les hommes s’inscrivent dans une logique de nombrilisme.
De notre propos, il est à retenir que le potentiel de nuisance de la société postmoderne est un fait. Pourtant, il n’est pas impossible de contourner cette satrapie. À grand renfort d’exemples, nous avons démontré que les difficultés politique, intellectuelle et sociale trouvent solution dans un imaginaire puisé dans les fables africaines. Comme quoi, la littérature jeunesse constitue un levier important de l’évolution d’un pays, il suffit de transmettre ses savoirs aux plus jeunes.