5   figures importantes de la littérature de jeunesse  au Sénégal

Après le Cameroun et la Côte d’ivoire, cap sur le Sénégal avec des illustrateurs et auteurs   qui font la fierté de la littérature de jeunesse dans cette partie du monde. Comme toujours, nous reconnaissons que plusieurs  s’investissent dans le secteur ; néanmoins, nous respecterons peu ou prou  les critères  précédemment mis en relief  quand nous parlions des amazones de la littérature de jeunesse en Côte d’Ivoire.  Pour ouvrir le bal, nous rendons un hommage mérité à l’une des pionnières des livres pour enfants  en Afrique.  

Fatou Ndiaye Sow

Source: https://aflit.arts.uwa.edu.au/NdiayeSowFatou.html     

Elle voit le jour en 1956, effectue ses études primaires et secondaires  au Sénégal après le décès de ses parents. Il est impérieux de noter qu’  « elle a participé à de nombreuses activités internationales dont le 7e Congrès des poètes tenu à Marrakech en 1984, les Soirées Poétiques de Struga en Yougoslavie en 1985, le Festival de poésie de Louvain en Belgique en 1986, le Symposium litéraire contre l’apartheid de Brazzaville en 1987, le 5e Congès mondial du PEN-International à Toronto en 1989, le Salon des poètes de Lyon en 1990. »[1]

Pour  ce qui est principalement de la littérature de jeunesse, la déclaration ci-dessous en dit long sur son statut et sa stature[2] : « Elle est le symbole de la littérature de jeunesse en Afrique, notamment au Sénégal. Institutrice de formation, Fatou Ndiaye Sow, d’un coup de baguette magique a su transporter les enfants dans un univers de contes, de poésie, pour tout dire : de belles lettres.» Plus impressionnant encore,  lorsqu’on  fait un tour sur la plateforme Takam Tikou, on découvre avec stupéfaction qu’elle a publié environ 15 œuvres pour enfants entre 2000 et  2005 ; des statistiques impressionnantes qui ne laissent pas indifférents. Par ailleurs, cette revue porte le nom de l’une de ses productions : Takam-Tikou, j’ai deviné. Entre autres publications, elle a commis les ouvrages suivants : Le mouton d’Aminata ( 1996) ; Takam, Takam Devine mon enfant, devine ( 1981) Engagée telle une Murielle Diallo en Côte d’ivoire,   cette dernière ne s’est pas contentée de publier les livres  jeunesse. En effet, elle « avait créé en mars 1995, Falia Productions Enfance, une structure qui a pour but de promouvoir les activités de jeunesse en particulier de l’enfance par la littérature, l’édition, l’audiovisuel, le cinéma. »[3]  Malheureusement, la faucheuse a eu raison  de cette icône en 2005 à New York de suite de courte maladie. On retient profondément que,  telle  Jeanne Cavilly en Côte d’ivoire,  elle est une pionnière en littérature de jeunesse en Afrique.  

Samba Ndar Cisse

Source : http://almoactu.canalblog.com/archives/2009/04/29/13550331.html

La littérature de jeunesse a ceci de spécifique qu’elle ne touche pas seulement les auteurs. Les illustrateurs ont un rôle tout aussi primordial  à jouer car une bonne œuvre de jeunesse est celle-là qui, entre autres spécificités, laisse transparaître  une certaine symbiose entre le narrateur textuel et le narrateur iconique.  A ce propos,  il est difficile de parler de la bande dessinée et d’illustration au Sénégal sans mentionner  l’orfèvre en la matière, Cisse Samba Ndar.  La revue Takam Tikou nous rappelle déjà qu’il a illustré  pratiquement 16 œuvres de jeunesse entre 2000 et 2015.  La Bibliothèque Nationale de France (BNF)  apporte  des informations plus précises sur ses productions : plus  de  20 ouvrages illustrés et pratiquement 09 ouvrages  co-écrits avec d’autres  auteurs. Ces statistiques ont le mérite de  donner du crédit à celui-là qu’on ne présente plus. On est davantage impressionné lorsqu’on consulte  sa brève biographie présentée en ces termes[4] : « Samba Ndar Cissé est dessinateur graphiste consultant et illustrateur d’ouvrages pour la jeunesse. Sélection et présence au concours Vues d’Afrique 2005 du Festival International de BD d’Angoulême – Prix de la meilleure bande dessinée (section Droits de l’Homme) Africa e Mediterraneo, Italie 2006 – Présence au Kids Comic Con 2011, New York / Philadelphie.» Au regard de  ce qui précède, on peut se permettre de dire : l’illustration a un héros au Sénégal et il s’appelle  Cisse Samba Ndar.

Souleymane Mbodj

Source : https://web.facebook.com/Souleymane-Mbod1584309931589635/?_rdc=1&_rdr

Ce dernier a un tout autre profil : il est en même temps : musicien, conteur et écrivain. En plus d’être un auteur de jeunesse avec à son actif  5 productions  de jeunesse entre 2000 et 2015, il a aussi cette spécificité et ce talent inouï quand il s’agit de conter en  live  pour les enfants à travers des instruments tels que la guitare et le Djembé.  Ceci est un facteur remarquable dans la mesure où il  est plus connecté à son public cible[5].Une de ses productions publiée en 2021 sur You Tube  a connu plus de  4500 vues.  Ses performances dites en français et  en wolof transmettent des contenus ludo-éducatifs  aux enfants.  Nous avons à ce titre, le titre sama sopé , une berceuse en langue wolof jouée avec une guitare. Il a contribué au rayonnement de plusieurs événements internationaux, notamment au Festival des droits humains et des cultures du monde de l’Hay-Les-Roses en 2009. En 2012, il a aussi performé  au cinéma Grand Action dans « le cadre de l’anniversaire de « l’Enfance de l’Art »[6]

La description qui est faite de lui, sur le site web des éditions Milan[7]  permet de mieux cerner sa personnalité : «  Musicologue, il a enseigné au Centre de formation des musiciens intervenants de l’université Paris-Sud, dans le domaine de la littérature orale, du chant et des rythmes d’Afrique. Il se produit régulièrement dans des spectacles, des festivals et des classes, en France et à l’étranger. En 2020, il est nommé chevalier de l’ordre national du Mérite par le ministère de l’Éducation nationale. Il vit à Paris. » Une autre encore plus impressionnante n’a pas échappé à notre radar.   

Nafissatou Dia Diouf

Source : http://www.continentpremier.com/?article=1775&magazine=62

Au Sénégal, Nafissatou Dia Diouf, globe-trotter, est tout un symbole au regard de sa perspicacité et de sa polyvalence. Très tôt initié à la lecture, un parcours prodigieux se profilait à l’horizon. En effet, « elle a très tôt baigné dans l’ambiance des livres et de la lecture, influencée surtout par sa mère. »[8] Après un cursus primaire et secondaire  couronné par l’obtention de son Baccalauréat, elle s’envole pour l’hexagone et plus précisément à l’Université Michel de Montaigne  à   Bordeaux III où  elle suit un cursus en Langues Etrangères Appliquées spécialisé en Affaires et Commerce. Il faut le reconnaître, la littérature pour elle est devenue une passion ; en témoignent ses distinctions littéraires et culturelles [9]: « Premier prix étranger du concours 3 heures pour écrire ( France) ; Représentante du Sénégal à Questions pour un champion spécial langue française en 2001, Lauréate du prix jeune écrivain Francophone à Muret ( France), sélectionnée par la revue Notre Librairie, revue des littératures du Sud ; comme une des « plumes émergentes » de la littérature africaine. La liste des distinctions est loin d’être exhaustive.  

Elle surfe aisément  entre le roman, la poésie et la littérature de jeunesse. Concernant spécifiquement la littérature de jeunesse, elle a nourri le souhait de    décrypter internet pour les enfants.  A ce propos,  en 2006, elle lance une collection pour les 8 ans et plus au Sénégal  avec des titres tels que  je découvre …l’ordinateur et Cytor & Tic Tic naviguent sur la toile. Selon la plateforme ORISIS (Observatoire sur les systèmes d’information, les Réseaux et les Inforoutes au Sénégal), « l’objectif à travers cette œuvre est d’aider les enfants à comprendre la navigation, la messagerie. Mais aussi et surtout de permettre aux enfants de savoir de quoi il faut se prémunir avec l’Internet, qui demeure un outil très attractif. »[10] Elle a publié de pertinents autres livres de jeunesse tels que Kidiwi, la gouttelette curieuse.  Par ailleurs, elle parle cinq langues (le wolof, le français, l’anglais, l’espagnol et l’italien). Le Sénégal  connaît aussi des défenseurs de la culture africaine avec un faible pour la bande dessinée.

Kemado Toure,

Source :https://web.facebook.com/photo/?fbid=227176470811240&set=a.178183752377179

En termes de contes au Sénégal, Kemado Touré est une figure importante.  Bien qu’il soit multidisciplinaire comme la plupart des auteurs de jeunesse étudiés  précédemment, une présentation de son profil nous donne de comprendre qu’il a une certaine connexion avec les contes : « Poète, conteur, chercheur et essayiste, Kémado Touré s’illustre, depuis plusieurs décennies, dans le combat pour la défense et la promotion des langues africaines et la revalorisation de la tradition orale. Maître conteur à l’imagination fertile, Kémado Touré est l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages de contes étiologiques illustrés sous forme de bande dessinée. »[11] La finale de ce fragment en dit long sur sa personnalité, et plus précisément sur son statut d’auteur de jeunesse. L’une de ses productions qui retient l’attention dans ce genre   est le titre : Contes sérères. En effet, ce livre présente trente textes oraux, autant des contes merveilleux, des contes relevant de l’univers animalier que du monde des humains, avec leurs travers et leurs qualités. »[12] On ne saurait   parler  de l’univers animalier ou encore du merveilleux sans penser aux enfants qui raffolent des histoires de cette nature.

 Dans ce registre des contes  en bandes dessinés,  on peut citer l’origine du veuvage de la collection les dits d’hier. Dans une perspective didactique sur l’imaginaire et  la culture africaine, il a commis dans la même collection : Pourquoi on ne mange pas la viande de l’hyène   ou encore Pourquoi on tait le nom de l’enfant avant sa naissance . Tous ces contes ont fait de lui une référence au Sénégal, il est possible de visualiser sur son compte Facebook, ses autres productions dont  le dessein est toujours de connecter les enfants africains à leurs réalités profondes. Cette particularité en partie, fait de lui une figure importante de la littérature de jeunesse au Sénégal.

En somme,  il était question de présenter  cinq acteurs importants de la littérature de jeunesse en Afrique francophone subsaharienne. Au regard de ce qui précède, le Sénégal tout comme la Côte d’Ivoire et le Cameroun ont des auteurs qui de par leurs productions apportent une plus-value dans le secteur jeunesse.  

Si vous connaissez d’autres auteurs au Sénégal, mentionnez-les en commentaire tout en citant quelques-unes de leurs œuvres.


[1] http://www.agencetopo.qc.ca/dakarweb/dakar/bio/Fatou_fr.html

[2] http://www.as-editeurs.org/editeurs/falia-edition-enfance

[3] http://archives.aps.sn/article/3200?lightbox[width]=75p&lightbox[height]=90p

[4] https://www.bedetheque.com/auteur-62310-BD-Cisse-Samba-Ndar.html

[5] https://www.youtube.com/watch?v=z80XaXdfJVY

[6] https://www.youtube.com/watch?v=xEzebmj-beM

[7] https://www.editionsmilan.com/nos-auteurs/souleymane-mbodj

[8] https://www.presenceafricaine.com/214_dia-diouf-nafissatou

[9] https://www.presenceafricaine.com/214_dia-diouf-nafissatou

[10] http://www.osiris.sn/Je-decouvre-l-ordinateur-Cytor-Tic.html

[11] https://www.laboutiqueafricavivre.com/s/18172/kemado-toure

[12] https://www.laboutiqueafricavivre.com/livres/130193-contes-sereres-9782343202242.html

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