Être auteur de jeunesse demande une certaine disposition. Il est impérieux de se mettre dans la peau de l’enfant: c’est un atout qui n’est jamais gagné d’avance surtout pour les adultes écrivant pour les enfants. Dans cette perspective, il semble plus approprié pour un enfant d’écrire pour un autre enfant. Les acteurs de la littérature de jeunesse en général et les parents en particulier devraient prendre conscience de cette réalité et encourager les enfants à être des auteurs pour les raisons que nous allons développer ci-dessous.
- Ecrire augmentera leurs capacités dans d’autres domaines
L’enfant qui produit des histoires de fiction développe automatiquement ses capacités dans d’autres matières. A l’évidence, le cerveau sera plus apte à réfléchir rapidement face à des difficultés. Par ailleurs, un de nos enseignants d’université, le professeur Robert Fotsing Mangoua nous faisait d’ailleurs remarquer que pour écrire 100 pages avec nos propres mots, il faut en lire 1000. Pour ce qui est du secteur jeunesse, plusieurs associations et initiatives œuvrent efficacement pour amener les enfants à s’adonner à la lecture. On peut citer entre autres les ateliers lecture plaisir de l’association Muna Kalati, les activités de reading Classroom, le programme 100 petits lecteurs d’Adinkra, les ateliers kalati de l’association Liens d’or pour ne citer que ceux-là.
- L’enfant amènera les personnes de son âge à se surpasser
Les enfants éprouvent plus d’envie de travailler lorsqu’ils constatent que des personnes de leurs âges sont capables de prouesses. Le Muz ou encore le musée virtuel, dédié aux œuvres des enfants, diffuse depuis des années des contenus produits par ces derniers dans les quatre coins du monde. Lorsque l’adulte réalise de grandes entreprises, l’enfant trouve cela normal. C’est assez évident qu’il en soit capable au regard de toutes ses facultés développées. Par conséquent, il en déduit que lorsqu’il aura le même âge, il pourra aussi le faire. Par contre, si un enfant écrit des œuvres, l’impact sera plus retentissant chez les personnes de son âge. Dans cette ordre d’idées, Stacy Fru, auteure de jeunesse sud-africaine a publié son premier livre, Smelly cats à l’âge de 07 ans. C’est d’ailleurs la plus jeune auteure d’Afrique. Elle a forcément inspiré des milliers d’enfants sud-africains en particulier et africains en général puisque cette production lui a valu trois prix notamment le prix de la National development Agency.
- Les enfants à travers leurs œuvres pourraient faire bouger les lignes
Imaginez un seul instant une Afrique avec l’émergence d’écrivains jeunesse de 07 à 15 ans. Imaginez des plaidoyers écrits par des enfants pour le financement du secteur jeunesse en Afrique. Imaginez des projets écrits par des enfants à l’endroit des autorités compétentes pour l’amélioration du statut de l’écrivain jeunesse. Ou encore, imaginez une Afrique pleine de Stacy Fru. Ceci a l’ère d’un rêve, toutefois lorsqu’il s’agit des enfants même les systèmes les plus conservateurs peuvent fléchir.
Lorsque les enfants prennent la parole, l’empathie est plus grande et les lignes peuvent rapidement bouger. Dans cette lancée, Armelle Touko, Promotrice d’Adinkra n’a cessé de rappeler que sa structure a été cofondée avec sa fille de 12 ans Marie Gabrielle. Ceci peut sembler être un simple coup marketing, toutefois, c’est un fait dans la mesure où cette dernière a réellement collaboré dans le projet. En outre, elle travaille quotidiennement en tant que relectrice et donne régulièrement ses avis sur la pertinence de l’histoire racontée et la qualité de l’illustration des œuvres jeunesse soumises à la maison d’édition d’Adinkra. C’est visiblement un travail qui contribue au rayonnement de la Start-up qui aujourd’hui est plus que jamais sous le feu des projecteurs.
- Comprendre mieux leurs émotions des enfants à travers leurs écrits
Bien que la caractéristique principale des enfants soit d’être bruyante, certains ont tendance à être timides. Ils ont du mal à exprimer ce qu’ils ressentent, du moins verbalement. L’écriture pour la jeunesse à ce niveau peut-être thérapeutique. C’est d’ailleurs ce que pensent les psychologues car cette activité peut réellement guérir. Cette disposition permettra d’atteindre d’autres enfants qui sont dans la même situation et par la même occasion faciliter la tâche aux parents qui parfois n’arrivent pas à comprendre leurs progénitures. Sur le plan professionnel, les psychologues pourront davantage comprendre le fonctionnement d’une certaine catégorie d’enfants surtout ceux-là qui souffrent d’une déficience. Tout ceci parce que l’écriture est aussi une peinture de l’état d’âme de l’écrivain. Par conséquent, le secteur de la littérature de jeunesse pourrait davantage être valorisé et utile vu que les principaux concernés seront devenus des auteurs et les principaux acteurs.
- l’employabilité ou les gains économique liés aux productions des enfants
La crise économique mondiale affectant les parents d’Afrique, a naturellement des répercussions directes sur les enfants, économiquement dépendants de ces derniers. Il est dès lors impérieux de multiplier les solutions pour venir à bout de cette situation préoccupante. A travers les gains économiques liés aux différentes ventes de leurs productions, les enfants auteurs de jeunesse peuvent apporter un gros coup de pouce à la famille et par la même occasion préparer déjà leur avenir. Dans une Afrique avec un taux de chômage élevé, ces derniers, dès le bas âge pourraient contribuer à le réduire en étant financièrement indépendants vu qu’être auteur est un métier qui ouvre de grandes portes en fonction de la pertinence de la production .
En définitive, cette réflexion a permis de mettre en branle les avantages qu’il y aurait, pour les parents, à faire de leurs enfants des écrivains de jeunesse. Ceci est d’autant plus important qu’il va permettre à ces derniers de s’affirmer et d’être des acteurs d’un secteur qui est le leur bien qu’ils ne soient pas encore les détenteurs de toutes les clés. En s’investissant dans la production des œuvres jeunesse, ils vont donner un coup d’accélérateur au secteur en Afrique car comme le remarque Mustapha Radid, l’intelligence d’un enfant est le plus important capital d’une nation.