La dernière rencontre digitale du SILA (Salon International du Livre d’Abidjan) a donné lieu à une réflexion sur la littérature de jeunesse, preuve que ce secteur éditorial a le vent en poupe en Afrique. La demande des livres pour enfants est de plus en plus importante en termes de quantité et de qualité. Au regard de cet intérêt grandissant, près de 43 professionnels du livre pour enfants se sont retrouvés autour d’Agnès Débiage, coordinatrice de la rencontre, le vendredi 08 mars 2024, pour échanger sur les perspectives de l’édition jeunesse en Afrique. Ci-dessous, nous partageons les points clés qui en découlent. Comment faire voyager les livres africains de jeunesse ?Au cours de la rencontre, les acteurs ont épilogué sur la production des œuvres en versions bilingues (langue africaine- langue étrangère). L’expérience malgache à ce propos devrait être émulée d’autant plus que la langue malgache occupe une place essentielle dans le pays. En plus, les contenus des livres véhiculent très souvent des messages universels. Il est dès lors nécessaire de suivre cette voie, pour une meilleure expansion des ouvrages africains pour enfants. L’on peut déjà signaler à titre d’illustration, la collaboration naissante entre les éditions Akoma Mba au Cameroun et Teny à Madagascar. A ce propos, les livres de l’auteur Ulrich Talla Wamba sont en cours de traduction en langue Malgache. Ceci permet de comprendre que l’accentuation des échanges entre les éditeurs serait un excellent moyen pour s’échanger les productions dans leurs pays respectifs. La contribution de Ressources éducativesLe projet ressources éducatives a plus que jamais contribué dans l’essor de la littérature jeunesse en Afrique. De fait, il est évident qu’il a été au rendez-vous pour une meilleure professionnalisation du secteur à travers l’aide à la production des œuvres jeunesse. En réalité, plusieurs éditeurs ont en effet bénéficié des injections de fonds dans la production à Madagascar notamment. Dans la même logique, Il a permis de réunir les éditeurs à travers diverses plateformes d’échange. A ce propos, les rencontres digitales du SILA permettent de mettre en exergue les réalités de la chaine du livre jeunesse. C’est un moyen efficace de créer des contacts, de former et d’informer sur les activités en cours et notamment sur les réalités des libraires, important maillon de la chaine du livre. Librairie et médiation culturelle Les échanges ont permis de constater que les libraires africains sont très sollicités par des éditeurs étrangers. A l’inverse, Il manque des informations actualisées sur des éditeurs jeunesse en Afrique. Par conséquent, il faudrait que ces derniers s’activent. La qualité y est, l’offre est riche. Toutefois, elle semble être moindre pour les adolescents et il risque y avoir un décrochage sur le long terme et un désintérêt une fois qu’ils atteignent l’âge adulte. Pour renforcer l’amour du livre et susciter le goût de la lecture, l’animation en librairie est capitale. Ce sont d’ailleurs les activités de médiation dans les écoles et centres éducatifs de la structure BLD ( Bibliothèque Lecture développement) au Sénégal qui ont permis de booster l’intérêt pour le livre jeunesse dans certains coins du pays. Il est donc primordial d’aller vers les enfants si nous voulons qu’ils aient un intérêt pour le livre jeunesse. Toujours dans le cadre de l’animation culturelle autour du livre, on ne saurait faire fi de l’Animation des Clubs de Lecture jeunesse du Zou (ACLZ) de l’ONG Tous Pour le Livre, cordonnée par Chédrack Degbé dans la commune du Zou. Pendant l’année 2023, c’est près de 565 enfants qui ont été impactés par le programme. Pistes d’amélioration de l’édition jeunesse en Afrique D’entrée de jeu, il y a un énorme besoin d’information. Les éditeurs doivent être plus ouverts et communiquer régulièrement sur leurs productions. Ce n’est qu’à ce titre qu’ils peuvent exister dans un réseau de plus en plus vaste et compétitif. Au regard des échanges et de la tendance à l’expatriation éditoriale souvent constaté dans certains pays, il est important que les éditeurs améliorent leurs offres et se professionnalisent davantage. C’est ce gage de qualité qui attirera les consommateurs des quatre coins du monde. Un exemple externe est celui de la maison d’édition numérique Adinkra au Cameroun qui a récemment attiré un poids lourd de la littérature de jeunesse en la personne de Kidi Bebey. La rencontre a permis de comprendre que dans certains pays, il y a la difficulté d’accès aux illustrateurs qui parfois ont des contrats un peu plus juteux avec les institutions. Ils estiment qu’ils ne gagnent pas assez avec les éditeurs. Investir sur le numérique serait une bonne chose, toutefois il semblerait que les œuvres jeunesse africaines se perdent un peu dans les plateformes numériques qui sont parfois généralistes et ne font pas de la littérature de jeunesse africaine une priorité. En ce qui concerne les bibliothèques, pour une meilleure durabilité des livres au niveau des différents rayons, au regard de leur régulière manipulation par les enfants, il est nécessaire de produire des versions cartonnées. Ceci permettrait d’éviter d’abimer ces livres qui demandent un investissement considérable au moment de la production. Somme toute, la rencontre digitale su SILA sur les perspectives de l’édition jeunesse en Afrique a permis aux professionnels d’épiloguer sur un certain nombre de points. Nous constatons que le secteur de la littérature de jeunesse connait un intérêt de plus en plus croissant. A ce titre, les acteurs de la chaine devraient continuer de collaborer, s’améliorer et communiquer.
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