Tout comme dans les autres pays de l’Afrique de l’ouest précédemment étudiés, à savoir le Sénégal et la Côte d’Ivoire, le Mali connaît aussi son lot d’auteurs et illustrateurs de jeunesse qui de par leurs réalisations se sont distingués sur le plan national et international.
Mots clés ; littérature de jeunesse ; Mali ; auteurs ; illustrateurs
Progressivement, les acteurs marquants de la littérature de jeunesse en Afrique francophone subsaharienne sont mis en exergue. Après la Côte d’ivoire et le Sénégal, nous avons décidé de jeter notre dévolu sur le Mali pour présenter quelques auteurs du domaine. Il est donc question ici, à la lumière de la trajectoire adoptée dans les articles précédents, de faire connaître ces personnes d’exception du domaine qui se démarquent dans leurs pays.
Ousmane Diarra certes ne draine peut-être pas les foules au Mali tel un président de la république mais c’est un maillon important des livres pour enfants. Il voit le jour en 1960, cette fameuse année des indépendances dans certains pays d’Afrique francophone, à Bassala, au Mali. D’un point de vue général, c’est un auteur qui navigue dans plusieurs genres notamment le roman, la poésie, la nouvelle et bien sûr la littérature de jeunesse. Son coup d’essai dans le genre romanesque a eu toutes les allures d’un coup de maître car « son premier roman Vieux lézard remporte trois prix : le Prix Ahmadou Kourouma de Genève, le Prix RFO et le Prix du Prince Pierre de Monaco. » Il va d’ailleurs en publier d’autres certes pas avec le même succès mais en suivant une technique et style d’écriture emprunt des griots. Dans son parcours, il aura l’occasion de se frotter à d’autres univers en participant à des salons en France, en Suède et en Guinée.
Pour ce qui est de la littérature de jeunesse, à la question de savoir pourquoi il s’intéresse au monde des livres pour enfants , sa réponse est assez frappante : «j 'écris des livres jeunesse, mais aussi des romans pour adultes, des nouvelles et de la poésie. J’aimais écouter les contes quand j’étais enfant. Je les raconte et les écris. C’est un choix. Mon enfance est restée en moi. » Ce n’est donc pas un hasard si cet auteur pluridimensionnel a commis de nombreuses œuvres de jeunesse telles que : la longue marche des animaux assoifés, l’hyène et les chèvres de la vieille femme et la liste est très loin d’être exhaustive. En griot bien formé, il se mue dans ses activités en passeur de culture et vecteur du patrimoine africain, déversé dans les contes puisqu’il anime depuis de nombreuses années déjà à travers l'heure du conte au CCF de Bamako. A présent, introduisons tout en rendant hommage : un orfèvre de la création littéraire en général.
Moussa Konaté a vu le jour en 1951 à Kita au Mali, Il n’est tout simplement pas évident de le circonscrire. En dehors de la poésie, ce dernier a embrassé tous les autres genres : le roman, le polar, les contes, le théâtre, l’essai, la nouvelle. Pour ce qui est du genre théâtral spécifiquement, il s’est distingué en recevant le prix Sony Labou Tansi des lycéens pour sa pièceUn appel de nuit. Il a été un pionnier et pendant longtemps, une référence de la littérature tout court. La passion pour l’écriture l’a d’ailleurs poussé à démissionner de son poste d’enseignant de français. Si nous avons décidé de le convoquer comme une valeur sûre de la littérature de jeunesse au Mali, c’est justement parce qu’il est l’un des rares du domaine à avoir produit des romans de jeunesse et les albums de contes. Dans le registre des albums de conte, il est notoire de constater qu’ils sont en langues nationales. Entre autres productions, l’on peut citer : la savonnière ( 2003) ; le forgeron ( 2005) ; Tombouctu (2006) etc…
Ce dernier ne s’est pas contenté d’écrire, il a mis sur pied, la maison d’édition le Figuier en 1997. Ceci fait de lui à cette époque le premier auteur éditeur du Mali. En donnant vie à cette maison d’édition, l’un des objectifs était d’insuffler un souffle nouveau à la littérature de jeunesse. C’est entre autre ce qui ressort de la déclaration suivante : « il a publié son premier roman en 1981 ; a fondé une compagnie de théâtre et a créé les éditions du Figuier. Cette maison d’édition s’est volontairement orientée vers la littérature jeunesse afin de faire connaître le visage réel de l’Afrique aux jeunes du monde entier, loin des clichés. » Plus tard en France, à Limoges plus exactement, il met sur pied la maison d’édition Hivernages. Malheureusement il quitte la terre des vivants en 2013.
A côté de Moussa Konaté, on ne saurait faire fi d’ Aly Zoromé. Ce dernier est un fin spécialiste de l’illustration, de la caricature et du dessin auprès des maisons d'édition au Mali. C’est un proche collaborateur de Moussa Konaté dans la mesure où il a illustré plusieurs de ses livres jeunesse notamment Tombouctu (2006) , le pays Dogon ( 2006), Le tisserand ( 2001) et bien d’autres productions. Son profil semble davantage plus complet lorsqu’on fait un crochet sur le site de la BNF : « caricaturiste dans la presse et auprès des institutions maliennes. - Dessinateur de bandes dessinées, membre de l'Atelier BDB (Bande dessinée de Bamako). - Illustrateur d'ouvrages pour la jeunesse.» Dans ce registre, selon la revue Takam Tikou, il aurait illustré un peu plus de douze œuvres de jeunesse entre 2000 et 2015. L’un de ses chefs d’œuvres est sans nul doute l’imagier du caméléonvert : la description de son contenu en dit long sur le labeur et le talent de cet auteur : « ce sont 188 dessins variés pour que les tout-petits découvrent le monde qui les entoure. Animaux, vêtements, véhicules, objets de la vie quotidienne, instruments de musique. L'enfant apprend à observer et à s'exprimer en s'amusant. »
Un autre auteur et non des moindres nous interpelle dans cet article, il s’agit d’Aboubacar Eros Sissoko. La présentation qui est faite de lui sur la plateforme Bablio nous informe déjà sur son statut d’auteur de jeunesse :« aujourd'hui éducateur spécialisé auprès d'enfants et de jeunes, l'auteur anime des ateliers d’écriture et donne des spectacles de contes en région parisienne. ». Il a vu le jour à Bamako et est plasticien de formation étant donné qu’il est diplômé de l’ Institut National des Arts du Mali et de l'Ecole Supérieure des Beaux-Arts de Toulouse. L’écriture pour lui est une passion, ce qui le pousse à produire de nombreux ouvrages dans différents genres. Pour ce qui est des œuvres jeunesse, l’on peut noter Moriba Yassa- une incroyable histoire d’amour , Soundiata Keita le fil prodigue du Mandé, Mariama Kaba du malipour ne citer que ceux-là. Au regard des titres, il saute à l’œil qu’il est engagé dans la transmission du savoir historico-culturel aux tout-petits de son pays, le Mali et dans un sens large à tous les africains. Curieusement, après une fouille peu ou prou profonde, en dehors des sites qui font état de la disponibilité de ses livres dans les plateformes de vente, il est plutôt rare de tomber sur un article donnant plus de détails sur son parcours. Ceci n’est pas le cas pour Massiré Tounkara.
Nous terminons avec Massiré Tounkara. Il était tout simplement impossible de ne pas parler de ce talentueux illustrateur tel Samba Ndar Cissé au Sénégal. Ce dernier fait montre d’une très grande maîtrise. Déjà, son aventure dans le genre est comme une vocation, un appel car à seulement 12 ans, il a créé avec ses copains, la bande dessinée Lucky Luke à la malienne. Il est un véritable combattant qui a suivi plusieurs cursus dans la cadre de sa formation d’illustrateur bédéiste. On peut citer entre autres : les cours d'initiation aux techniques de la Bande dessinée, organisés par le Centre culturel français de Bamako, un stage d'initiation aux techniques de coloriage BD animé cette fois-ci à Amiens en France en 2002. En termes de production, on peut citer sa toute première BD intitulée Yoona, la nouvelle planète (2000). Il a collaboré avec Ousmane Diarra notamment en illustrant son œuvre : les jumeaux à la recherche de leur mère. L’on peut aussi noter sa collaboration avec le célèbre essayiste français Christophe Cassiau-Haurie dans le cadre de la production de la BD : Les dogues noirs de l’empire. Son talent est davantage perceptible à travers l’article sur sa personne intitulé : Massiré Tounkara, un espoir pour la BD malienne.
Il a participé à des rencontres internationales autour de la BD. Après son stage au Mali, il participé au rendez-vous BD d'Amiens dans une exposition consacrée à la BD malienne. En outre, il a pris part en 2003 à l’exposition « bulle d’Afrique » à Bruxelles. l’une de ces œuvres les plus remarquées est sans vraisemblablement: l’illustration de la célèbre cathédrale de Notre-Dame d’Amien Il est le cofondateur du club BDB (Bande Dessinée de Bamako) qui finira par être l’atelier BDB.
En somme, l’on remarque que le Mali contribue à sa façon, à faire rayonner la littérature de jeunesse en Afrique Francophone notamment à travers ces quelques auteurs que nous venons de présenter. Loin de nous, la prétention d’avoir fait le tour de la question puisqu’il en existe d’autres qui font aussi un travail louable.